ECONOMIE

Viandes rouges: appel à la suppression des exonérations fiscales à l’importation

Le président du Conseil national interprofessionnel de la filière des viandes rouges (CNIFVR), Miloud Bouadis a appelé à la suppression des exonérations fiscales à l’importation des viandes rouges, en les maintenant uniquement durant le Ramadhan pour répondre à la forte demande enregistrée lors de ce mois et atténuer, ainsi, la pression sur les éleveurs locaux, due à la concurrence des viandes importées.

Ces exonérations « pourront, si elles sont maintenues, amener les éleveurs à renoncer à leur activité, notamment après la poursuite de leur octroi par les autorités concernées aux importateurs de viandes rouges (fraîche, sous vide, congelée), même après le mois de Ramadhan (juin 2019), a déclaré M. Bouadis, dans un entretien à l’APS.

« Il fallait arrêter l’application de ces exonérations à la fin du Ramadhan, en raison de la disponibilité, et en quantités suffisantes, de la production locale », a-t-il précisé.

Avant 2019, les opérations d’importation des viandes rouges et d’autres produits alimentaires étaient soumises à un système de quotas à des quantités déterminées.

Les éleveurs avaient vécu une période de stagnation durant l’été dernier à cause de la différence entre leurs prix et ceux proposés par les importateurs de viandes rouges, a-t-il rappelé. Un (01) kg de viande varie entre 1000 DA et 1050 DA en gros chez les éleveurs contre 800 DA à 900 DA chez le importateurs.

Le citoyen algérien consomme une moyenne de 14 kg/ an de viande rouge.

« Depuis quatre (4) mois, les marchandises locales étaient disponibles sur le marché national mais ne trouvaient pas d’acheteurs, en raison de la différence des prix entre les éleveurs et les importateurs. Les éleveurs subissent des dommages et ne pourront pas poursuivre leurs activités avec ces prix », a-t-il déploré.

Pour ce responsable, le prix de vente pratiqué par les éleveurs est « bon » au vu des dépenses supplémentaires qu’ils assument au cours de l’opération d’élevage et d’engraissement de cheptels et de bovins, allant de 8 à 10 mois, et couvrant le fourrage et les soins vétérinaires ainsi que les dépenses de l’abattage.

Le président du conseil a d’ailleurs adressé plusieurs correspondances aux services du Premier ministère et du ministère du Commerce, mais aucune suite n’a été donnée en ce sens, a-t-il affirmé.

En revanche, M. Bouadis a indiqué que les rencontres avec le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Chérif Omari ont donné lieu à l’ouverture de l’importation des cheptels vivants destinés à l’engraissement, de la provenance de différents pays du monde connus pour cette activité, ce qui a contribué à l’amélioration des prix.

Les autorisations d’importation de cheptels vivants destinés à l’engraissement en Algérie étaient limitées, durant les dernières années, uniquement à la France et l’Espagne, une mesure, a-t-il dit, qui a conduit à la hausse de leurs prix.

Pour M. Bouadis, les éleveurs ont élevé et engraissé, jusqu’à la fin de l’année 2019, quelque 38.000 têtes bovines importées, et produit près de 80.000 têtes locales, ce qui représente plus de 280.000 tonnes de viandes rouges de bovins, destinées au marché.

Le cheptel national compte 28 millions de têtes ovines, 2 millions de têtes bovines et 5 millions de têtes de chèvre. La filière recense également près de 7 millions d’éleveurs activant dans ce domaine sur une superficie dépassant 40 millions d’hectares de zones pastorales englobant les zones steppiques et semi-steppiques, désertiques et semi-désertiques.

L’interlocuteur s’est aussi interrogé sur la modalité de commercialisation de ces quantités dans les mois à venir ainsi que sur la manière de fixer leurs prix, de façon à préserver le capital des praticiens de ce métier, à la lumière de la politique des exonérations fiscales appliquées par le secteur du commerce sur les importateurs de viandes.

L’Algérie avait importé durant le premier semestre de 2019 près de 28.000 tonnes de viandes rouges, soit 70.000 têtes ovines.

Parallèlement, la filière a connu une baisse en termes de nombre d’éleveurs (-30%) entre 2018 et 2019 par rapport aux années précédentes, en sus de la baisse du nombre d’écuries, notamment aux wilayas de Sétif, Sidi Bel Abbes et Oum El Zouaghi.

Concernant la disponibilité des viandes rouges durant le mois de Ramadhan prochain, le président du Conseil national interprofessionnel a fait état de la disponibilité des viandes rouges locales à même de couvrir la demande local lors du mois sacré, appelant à l’impératif de trouver les mécanismes adéquats pour lier de manière directe les producteurs aux consommateurs dans l’objectif d’éviter la spéculation des prix et de créer des espaces spécifiques contrôlés par l’Etat.

S’agissant des abattoirs chargés de la préparation et la commercialisation du produit des éleveurs, M. Bouadis a fait savoir que la création et la promotion de ces structures exigent davantage d’intérêt accordé par les autorités compétentes, soulignant que la wilaya d’Alger a besoin, à elle seule, de 5 abattoirs pour couvrir la demande, d’où l’impératif d’ajouter deux autres abattoirs à ceux existant actuellement à Ruisseau, El Harrache et aux Eucalyptus.

Il a déploré, en outre, le retard accusé par plusieurs banques, à l’image de la Banque de l’Agriculture et du développement rural (BADR), quant à l’octroi de crédits aux investisseurs dans le domaine agricole, ce qui a entrainé, a-t-il dit, un retard de plusieurs projets stratégiques pour le secteur.

Plusieurs éleveurs envisagent la réalisation d’abattoirs et de chambres froides pour le stockage des produits, a-t-il précisé, ajoutant que le retard accusé dans l’obtention de crédits a reporté la finalisation et l’entrée en services de ces projets.

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